Power Chord

Injuste est l'impitoyable univers du jeu-vidéo! Alors que des titres tutoyant l'imposture tirent leur épingle du jeu, d'autres, aux qualités indéniables, passent tragiquement à la trappe. Vu le pesant anonymat bâillonnant le bruyant Power Chord, ma méfiance culminait, bien qu'attiré par cet ovni électrique chatoyant.
Une promotion radicale m'incita à fondre sur l'objet nourrissant ma convoitise, toutefois teintée de prudence. Déboursant moins de cinq euros, le préjudice serait mineur, quoi qu'il advienne.
Visuellement: soigné, détaillé, lumineux et coloré, il me rappelle Circus Electrique. Un bémol: en haut de l'écran se déroule l'action et en bas sont affichées les cartes, les deux sections occupant une surface égale ; une répartition de deux tiers-un tiers eût été plus pertinente. Je déplore également le manque de variété des animations alors que la gestuelle rock se décline en source d'inspiration. Les plages musicales épousent le thème mais j'aurais aimé plus de variété et d'audace, attendu le contexte s'y prêtant.
Nous débutons avec quatre musiciens plutôt charismatiques (un chanteur flanqué par un guitariste, un batteur et un bassiste) quand huit autres sont à déverrouiller, se répartissant équitablement au sein de chaque archétype. Un bémol en ce qui concerne les trois batteurs qui font plus penser à des CRS caparaçonnés, armés de matraques, qu'à John Bonham. Sinon, les obtenir induit de relever des défis hétéroclites. La variété des adversaires est conséquente, assimilables à des orcs et des trolls patibulaires. Je valide les traditionnels boss clôturant les chapitres.
Chaque classe dispose de son lot de cartes (très nombreuses) et chaque combattant propose deux compétences uniques, plus une à déverrouiller. En outre, chacun peut s'équiper de quatre artefacts, quatre supplémentaires étant dédiés au groupe. Les répartir à bon escient offre d'indéniables avantages.
Power Chord respecte à la lettre le cahier des charges inhérent au genre, ne se démarquant qu'à la marge. La progression s'inscrit dans un schéma traditionnel, soit une carte avec des embranchements menant à: des combats (basique, élite et boss pour conclure), des événements aléatoires, des boutiques, des soins alloués et des coffres ; dans un premier temps. Car, si trois chapitres à enchaîner constituent un préambule (3 heures suffiront), s'amorce ensuite une seconde phase. Je vous accorde le plaisir de sa découverte.
En ce qui concerne le gameplay, les adeptes de la filière pendront rapidement leurs marques. Il leur reviendra de composer une escouade efficace et complémentaire, chaque musicien disposant d'une personnalité et de compétences affirmées. Au fur et à mesure de la progression, de nouveaux artefacts et cartes offrent la sensation de montée en puissance. Un bémol: une poignée de cartes devient vite caduque, ridiculement faibles.
Certes, Power Chord ne renverse pas la table mais jouit d'atouts indéniables: une direction artistique somptueuse, une thématique forte, un respect des canons du genre (trop, peut-être), des confrontations efficaces et jubilatoires. Pour couronner le tout, le jeu est disponible à moins de cinq euros en promotion.
-= 12/20 =-
J'aurais pu lui attribuer un 13 ou 14/20 mais son classicisme m'invite à lui retrancher 1 ou 2 points.
PS: huit heures de jeu plus tard, l'excellente première impression se confirme. Entre déverrouiller tous les personnages (il ne me manque que deux guitaristes sur les douze personnages) et se glisser jusqu'au véritable boss de fin, le challenge est au rendez-vous. Le dernier obstacle déroute et le premier essai fut une défaite instructive. Désormais, je sais à quoi m'attendre.